Meurtre en prose.

Je ne t’ai pas oublié. Ce n’est pas parce que je suis maintenant plus sereine, aimée et entourée de bons amis, que je t’oublie. Toi et ton âme ignoble. Je me demande si tu penses encore parfois à moi. Je ne sais pas ce que tu fais de tes journées, peut-être es-tu en train de prier chaque matin pour ne pas croiser quelqu’un sachant qui tu es. Ou peut-être que tu t’en fous. De qui tu es, de ce qu’on sait, de ce que tu m’as fait. Peut-être que tu me surveilles de temps à autres, pour voir si j’ai lâché l’envie d’une justice. Peut-être que lire ces lignes te font jouir d’une perversion dont seuls les démons vivent. Je ne t’ai pas oublié. Tu ne m’as pas vaincue, tu ne m’as pas tuée, et preuve en est ; je porte la vie en moi.

S’il m’arrive encore et m’arrivera toujours de m’arrêter un instant pour pleurer seule en silence dans la nuit, ce n’est non plus par désespoir de t’avoir connu, mais par soulagement d’être aujourd’hui protégée. Par ses bras. Par ses mots. Par tout ce que tu ne seras jamais, et tout ce dont je rêvais. Par cet enfant tant désiré. C’est mon petit trésor, mon souhait exaucé. Ce brin d’espoir qui me faisait tenir, quand je croyais que tes actes m’avaient retiré l’idée d’être heureuse. Il est arrivé au moment qu’il fallait, et sera dans mes bras au moment qu’il faudra. Le hasard est trop beau pour ne pas croire au divin. Je vois mon corps retrouver ses formes, ses courbes et sa féminité, que jusque-là tes viols avaient rendu si honteuses à mes yeux. Elles ne me font plus peur et ne me dégoûtent plus, car elles me rappellent que je vais être mère. Je vois chaque période douloureuse de l’année se transformer doucement en souvenir plus tendre, plus joyeux, plus magique et plus calme. L’amour vient remplacer mes larmes.

Je ne t’ai pas oublié. C’est pour contrer les monstres sur Terre comme toi, que je suis encore là. Forte, géante et lumineuse. On me voit sourire, être fière, peut-être pense-t-on que j’en ai fini de te haïr. Jamais. Si je redoublerai d’amour, de tendresse et d’humanité pour cet enfant, n’aie aucun doute que si c’est moi qui te remarque dehors, je risquerai ma liberté de vivre pour ôter la tienne. En souvenir de celle que tu as tenté de salir.

Je ne t’ai pas oublié, tu ne m’as pas vaincue, tu ne m’as pas tuée. Toi et ton sale visage. Pourri, abîmé, miroir de tes actes. Je me tiens désormais loin de toi plus par rage que par peur de te recroiser. Car je sais l’ampleur de ma rage. Pas de « pitié » ni de « non » entendus, tu subiras . J’irai en taule en levant le poing, sans regrets, tant que cette fois c’est ton sang qui coulera, et moi qui en jubilerai.

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