Passion patiente.

Voilà plusieurs mois déjà que tu m’aimes, et autant de temps que je m’en étonne. On m’a affublée de si mauvais termes, de si méchants sentiments ; si bien que je n’espérais plus grands rêves pour ma pomme. Mais tu as choisis de m’aimer. Inlassablement. Au lieu de « fragile », tu me dis « extraordinaire ». Plutôt que « bonne », tu me vois « drôle ». Et quand je me retrouve à ruminer le passé sans rien te dire, fatiguée d’avoir à être « forte » ; tu m’enlaces, m’accompagnes, en murmurant un « je comprends et je suis là » rassurant.

Je te vois retirer un à un chaque lourd grain de poussière déposé à tort sur mes épaules. Avec patience, confiance et sourire. Tu sembles savoir quelque chose dont je ne me doute pas. Sûrement ce fameux espace-temps dont tu me parles parfois, celui où « une Donya est heureuse, sereine et maman ».

Et je te crois.

Tu m’apportes tout l’inverse du mal enduré jusque-là. Tout ce que l’on m’a pris, tu me le redonnes au centuple. Tout ce que l’on m’a fait pleurer, tu me le sèches tendrement. Tout ce que l’on ne m’a pas offert, tu me le tends sans compter. Mes peines d’enfance s’atténuent ; ma fierté de femme s’endurcit.

J’ai l’impression de te connaître depuis longtemps. N’est-ce pourtant pas le cas ? Avec ta folle guitare à la main, je me rappelle t’avoir « trouvé cool » au collège, quand, à plus de mille lieues de ton âme, je ne savais toujours pas ton prénom. Ce prénom qui fait moins peur à dire plus le temps passe. J’ai cru au début à une mauvaise blague de la Providence. Que cela serait une barrière, ou que j’étais trop attachée au passé. Mais tu m’as prouvée plus qu’il ne fallait, ta place dans mon présent. Tu as raison, les coïncidences sont trop nombreuses pour continuer à prétendre que ce que l’on vit tous les deux, n’est pas un peu magique.

J’avoue, j’abdique.

D’abord méfiante de tes belles paroles, leur ténacité a fini par fissurer ce mur érigé autour de mon cœur. Désarmé, il t’accueille désormais d’une tendre passion patiente. Je me lève le matin avec la tranquillité et l’assurance de ton amour. Avec envie, calme et sans craintes. C’est plutôt… agréable.

Tu me fous la trouille. Mais la bonne trouille. On dirait que ton seul but sur Terre est de me rendre heureuse par tous les moyens. Ta présence est douce, évidente. Tu es mon petit Pom-Pom Boy à la voix chantante. Doublement heureux à ma place, triplement en colère quand l’injuste me frappe. Lorsqu’il m’arrive encore de m’excuser d’exister trop fort, tu réagis vite pour faire taire cette habitude. En t’énervant au fond de toi, qu’on ait pu m’infliger cette gêne d’être moi. T’en connais ton rayon.

Nos chemins se sont recroisés par un jour de doutes mêlés de derniers espoirs. Celui où j’ai décidé de me rebâtir plus solidement, en renaissant de mes cendres. Cela a commencé par un petit mot, une question naïve de ma part. Une vieille amitié est née. Avec des blagues qui n’amusaient que nous. Un coup de téléphone. Puis deux. Puis trois. Puis tous les jours jusqu’à ce qu’on se voie. Voilà plusieurs mois déjà que tu m’aimes, et quelques temps seulement que je réalise vouloir t’aimer aussi.

Encore une phrase gamine et pudique pour cacher le fait que c’est déjà le cas. C’est drôle. Je n’aurai jamais cru retrouver aussi joliment confiance en l’Autre.

Finalement je t’aime comme je t’ai rencontré : sans m’y attendre…

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